Sur les traces du poivre Cubèbe
Juillet 2018
Dewi et Solehan nous ont invités en plein mois de juin pour assister à la récolte du poivre Cubèbe qu’ils orchestrent avec cinq communautés de cueilleurs : les cueilleurs de Kemukus.
Une culture secrète à l’état sauvage :
Une récolte qui vole haut :
Alors, pour glaner les perles rares, les cueilleurs se hissent jusqu’à la cime des arbres et récoltent les grains dont le rouge naissant est gage de maturité optimale.
« Les cueilleurs sont comme des funambules qui ne connaissent pas ou peu de limites » nous prévient Solehan en armant son baudrier.
À la seule force des bras, il entame une ascension longue et appliquée. Nous ne le quittons pas des yeux, mais lors des passages les plus difficiles, nous retenons notre souffle. Ne percevant plus ce qui le relie à l’arbre, il nous semble le voir voler.
Et puis, à la fin du mois de juin, le poivre et les hommes redescendent au village. Chaque arbre aura donné en moyenne cinquante kilos de poivre frais et il n’y aura plus de récolte jusqu’à la prochaine année.
Commence ensuite la phase de séchage et le triage.
Le tri du poivre Cubèbe est long et minutieux. Les mains habiles et attentives sélectionnent les plus beaux grains noirs et soustraient de la récolte les brindilles et des grains menus ou mal développés.
Shiva comme un tuteur sacré
« Pendant un millier d’années divines, j’ai regardé les yeux fermés, puis des larmes sont tombées de mes yeux. Ces larmes ont donné naissance à l’arbre Maharudraksh, sur mes ordres, pour le bénéfice de tous. » Shiva Maha Purana
Dans la culture Hindou, les perles de cet arbre possèdent de précieuses vertus et bienfaits sur la santé : elles guérissent de nombreuses maladies, permettent une concentration longue et précise, recèlent de rares qualités énergétiques et favorisent la méditation.
Les bracelets confectionnés avec ces perles sont considérés comme des objets sacrés et chargés de shakti (l’énergie divine).
Le poivre Cubèbe, voisin du célèbre temple de Borobudur
Le temple principal est un stupa construit sur une colline naturelle, en trois niveaux qui symbolisent la conception de l’univers dans la cosmologie bouddhiste :
- la sphère des désirs dans laquelle nous sommes esclaves de nos désirs,
- la sphère des formes dans laquelle nous abandonnons nos désirs mais restons assujettis au nom et à la forme,
- et la sphère du détachement des formes où il n’y a plus ni nom ni forme.
Ce monument principal est accompagné de deux autres édifices, et chacun illustre les phases du parcours qui mène au Nirvana.
L’histoire médicale du poivre Cubèbe
Le poivre Cubèbe a une importance notoire dans la médecine unani. La médecine unani est une médecine traditionnelle indienne qui remonte à l’époque gréco-romaine et qui est toujours pratiquée en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et en Iran.
Cette médecine a hérité des textes de l’antiquité occidentale (elle conserve encore aujourd’hui nombre de préceptes du corpus Galien) et s’est nourrie de traités arabes et perses, avant de faire souche en Inde.
Dans la tradition de la médecine unani, le poivre Cubèbe continue d’être utilisé. On lui reconnaît les mêmes vertus que celles que l’on trouvait déjà dans la médecine arabe médiévale : il fortifie les organes, l’estomac notamment, et on lui confère un rôle majeur dans les soins apportés à la digestion. Il est également très précieux dans le soin réservé aux dents et aux gencives.